Jean-Jacques Dessalines, Héros de l'indépendance d'Haiti

Né dans l’esclavage en 1758 dans la colonie française de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti), Jean-Jacques Dessalines est le père de l’indépendance de Haïti.

Après avoir été le compagnon de lutte de Toussaint Louverture, il mène l’armée « indigène » à la victoire et proclame l’indépendance de la colonie le 1er janvier 1804. Couronné empereur en septembre, il meurt assassiné en 1806.

Il serait né en 1758 à Grande-Rivière-du-Nord, au nord de la colonie française de Saint-Domingue. Il grandit d’abord dans l’habitation d’un colon nommé Henri Duclos, avec d’autres membres de sa famille parmi lesquels sa tante Victoria Montou, qui rejoindra l’insurrection des esclaves après 1792 et dont il fera une duchesse après s’être déclaré empereur en 1804. La plantation deviendra ensuite la propriété d’un libre de couleur nommé Philippe Jasmin Désir, gendre de Toussaint Bréda, le futur Toussaint Louverture qui assura même la gestion de la plantation pendant quelques années ; après la mort de Philippe Jasmin, sa veuve, Martine, fille de Toussaint, épousa un vétéran de la guerre d’indépendance d’Amérique, Janvier Dessalines, dont Jean-Jacques prendra le nom.

Dès cette époque, il se fait remarquer par son fort caractère, et son esprit de résistance. C’est donc logiquement qu’il s’engage dans le soulèvement déclenché par Boukman, Jean-François Papillon et Georges Biassou dans la nuit du 22 au 23 août 1791. Il se fait très vite remarquer par son efficacité militaire, dans le sillage de Toussaint Louverture, qui s’est rallié à la République française en 1794, après que la Convention a officiellement aboli l’esclavage le 4 février. Dessalines est désormais un officier français, et il participe à tous les combats à Saint-Domingue jusqu’en 1802, lorsque le général Leclerc, envoyé par Napoléon Bonaparte, débarque sur l’île pour rétablir l’ordre colonial ancien.

Dessalines commence par résister, aux côtés de Toussaint Louverture, s’illustrant notamment lors de la bataille de la Crête-à-Pierrot en mars 1802. Mais, après l’arrestation de Toussaint, il finit par se rallier à Leclerc, comme la plupart des officiers locaux. Pendant quelques mois, il sert sous les ordres du général français, pourchassant les marrons et réprimant le soulèvement de Charles et Sanite Belair. Mais la nouvelle du rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe conduit Dessalines et le chef « mulâtre » Pétion à se rapprocher pour garantir qu’il ne soit pas rétabli aussi à St-Domingue.

La guerre civile est relancée : après la mort de Leclerc en novembre, l’expédition française est dirigée par le général Rochambeau, qui mène une guerre d’extermination contre les Noirs et les métis. Dessalines, désormais chef suprême de « l’armée indigène », rend coup pour coup et finit par défaire les troupes françaises à la bataille de Vertières le 18 novembre 1803. Le 1er janvier, il proclame l’indépendance de la colonie en lui redonnant son nom d’avant la conquête européenne, Ayiti (aujourd’hui Haïti), dans une déclaration au ton puissamment anticolonialiste. En février, il ordonne le massacre de la plupart des derniers Français présents sur l’île. Plusieurs milliers de personnes sont tuées, mais pas tous les Blancs – ainsi, les déserteurs polonais de l’armée française et les colons allemands installés au nord de l’île sont accueillis dans la nouvelle nation.

Chef du nouvel Etat haïtien, Dessalines se fait couronner empereur en octobre 1804 et proclame une nouvelle constitution en 1805, qui affirme son statut de père de la nation « vengeur et […] libérateur de ses concitoyens » et déclare que « les Haïtiens ne seront désormais connus que sous la dénomination générique de Noirs », au nombre desquels la constitution range les Allemands et Polonais naturalisés.

Alors que la France continue de revendiquer son autorité sur son ancienne colonie, et convainc les grandes puissances occidentales de ne pas reconnaître Haïti, l’empereur mène une diplomatie habile avec l’Angleterre et les Etats-Unis, permettant le développement de circuits commerciaux parallèles, notamment avec les négociants américains. Dessalines, comme Toussaint avant lui, souhaite en effet préserver l’économie de plantation, la seule capable à ses yeux de générer des revenus pour l’Etat et sa défense. Il impose en conséquence le travail forcé et s’oppose à une réforme agraire qui distribuerait la terre aux cultivateurs, un problème qui ne cessera de hanter par la suite la société haïtienne.

Devenu l’empereur Jacques 1er, Dessalines exerce un pouvoir solitaire qui l’isole des autres acteurs de la guerre d’indépendance. Ces derniers finissent par s’allier pour le renverser, le 17 octobre 1806 à Point-Rouge, avant de se déchirer entre eux à leur tour : pendant plus d’une décennie, Haïti sera partagée entre un royaume au nord, dirigé par Henri Christophe, et une république au sud, présidée par Alexandre Pétion.

Chef militaire vainqueur des troupes de Bonaparte, leader implacable d’une des premières guerres de décolonisation, père de l’indépendance d’Haïti, Jean-Jacques Dessalines incarne dans ses contradictions les victoires et les échecs de la révolution haïtienne, qui a arraché l’abolition et gagné l’indépendance, mais qui n’a pas su établir un régime capable d’unir la nation haïtienne par-delà ses divisions.

Sa mémoire est restée vive dans la population, mais après son assassinat elle a longtemps été occultée par les dirigeants de Haïti, avant d’être progressivement redécouverte, puis revendiquée. Mais elle a aussi été détournée, en particulier par François Duvalier pour justifier sa dictature. Si JJ Dessalines reste aux yeux des Haïtiennes et des Haïtiens le Liberator, célébré officiellement avec des statues, des billets de banque et l’hymne national adopté en 1904, La Dessalinienne, son action, ses intentions et son héritage continuent d’être discutés.

 

 

Lien de l’article :Jean-Jacques Dessalines | Biographie | Fondation pour la memoire de l’esclavage (memoire-esclavage.org)

 

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