LES TAINOS ET LES GROTTES

Le patrimoine autochtone de la Caraïbe a été presque totalement supprimé de la surface de la planète lors de la violente conquête des îles au début du XVIe siècle.

Le travail des archéologues ces cinquante dernières années a révélé une société précolombienne vibrante et créative.
Les Taïnos « classiques » se sont développés sur la côte et à l’intérieur d’Hispaniola et de Porto Rico.
C’était une société composée de chefferies, pratiquant une religion fondée sur l’adoration d’objets sacrés sculptés en bois, ossement, coquillage et céramique appelés zemis.
Dans les textes de la période historique, ces peuples ont été appelées « Arawaks » et « Taïnos ». Ce sont les peuples que Colomb a rencontrés lors de son premier voyage.

LES TAÏNOS

« Taïno » comme « Arawak » et « Caraïbe » sont des noms donnés à ces populations par Colomb et les arrivants qui ont suivi. Ce sont plus des étiquettes de travail que le fruit d’une réflexion sur le nom que se donnaient elles-mêmes ces populations, ou des divisions culturelles qu’elles assumaient entre elles.

La première étude ethnographique proprement dite a été entreprise par le Frère Ramón Pané, ecclésiastique qui accompagnait Colomb lors de son second voyage aux Antilles. A la demande de Colomb, il a réalisé une étude des rites religieux et croyances de la population d’Hispaniola. Pané a passé quatre ans parmi les Taïnos à préparer une étude intitulée « Relation de l’histoire ancienne des Indiens » qu’il a présentée à Colomb vers 1498. Les auteurs qui ont pris sa suite, notamment Pierre Martyr d’Anghiera, Frère Bartolomé de Las Casas et Fernando, le fils de Colomb, ont utilisé ce travail dans leurs propres écrits.

Ce sont là les principaux documents historiques auxquels se rapportent les archéologues pour expliquer une grande partie de ce qu’ils trouvent. Il est difficile de se procurer d’autres informations écrites par des observateurs des Taïnos. Leur culture a disparu si rapidement à la suite du génocide du début du XVIe siècle, que l’on n’a eu ni le temps ni l’idée d’enregistrer leurs traditions orales, coutumes et croyances en détail. Toutefois, l’utilisation judicieuse de la documentation existante a permis aux archéologues et aux linguistes de corriger ou de confirmer les récits des conquérants européens et d’en apprendre davantage sur le mode de vie des Taïnos.

Jusqu’à une date récente, la recherche s’est focalisée sur Hispaniola, la patrie des Taïnos, où, selon Pané, les Taïnos croyaient que leurs premiers ancêtres avaient émergé d’une grotte au centre de l’île. Il semble que la connaissance de leurs origines en Amérique du Sud ait disparu au cours des siècles, depuis leur arrivée du continent par la mer.

CE QUE L’ON CONNAIT DES TAÏNOS

Lors de l’arrivée de Colomb, quand Ramón Pané effectuait son étude sur le terrain entre 1493 et 1498, la culture des Taïnos se caractérisait principalement par les traits suivants :
 Ils vivaient dans de grands villages permanents constitués de maisons familiales groupées autour de places, les maisons étant protégées par des écrans du côté du vent pour se protéger des pluies cinglantes ;
 Ils pratiquaient une agriculture avancée, cultivaient des plantes-racines, en particulier le manioc amer qui exigeait un traitement compliqué, la patate douce et le chou des Caraïbes (taya) cultivé sur de grosses buttes (champs surélevés ou conuco) ;
 Ils cultivaient aussi le maïs, l’arachide, l’ananas, le coton, le tabac et d’autres plantes indigènes qui avaient une large gamme d’utilisations dans leurs pratiques ethnobotaniques ;
 Ils avaient des talents de potiers, tisseurs de coton, fabricants de paniers, sculpteurs sur bois, pierre, os et coquillage, pour fabriquer des amulettes, des perles et des objets religieux (zemis) ;
 Ils portaient des petits tabliers en coton et des ornements en plumes ;
 Ils ne fondaient pas les métaux mais martelaient l’or pour réaliser des incrustations et réalisaient ou achetaient un alliage de cuivre et d’or utilisé pour la fabrication de pendentifs pour les chefs ;
 Les chefs (caciques) et les chamanes (behique, boyay) s’asseyaient sur des sièges en bois ouvragés (duhos) et dormaient et se reposaient dans des hamacs tissés ;
 Le gouvernement était assuré par des hiérarchies de caciques régionaux, de district et de village. Chaque village était servi par des behiques ou des boyays et était divisé en deux classes sociales, natino et naboria, que les observateurs avaient comparé à des nobles espagnols ;
 Les esprits étaient représentés dans presque tous les genres décoratifs et artistiques et spécialement sous la forme de zemis qui, selon un type particulier découvert dans toutes les Petites et Grandes Antilles, avaient la forme d’un cône sculpté généralement réalisé à partir de la pointe de la conque de lambi, appelé « trois pointes » par les archéologues ;
 Les os des ancêtres étaient exhumés et conservés dans des paniers pendus aux poutres des habitations ;
 Une poudre narcotique (cohoba) était inhalée par des tubes introduits dans le nez ;
 La danse et les chants (areitos) avaient un rôle important dans les cérémonies, ainsi que le jeu de balle qui se jouait sur des terrains aménagés bordés de buttes de terre ou de limites en pierre, certaines pierres étant incisées de pétroglyphes ;
 Ailleurs, ces pierres gravées ou pétroglyphes étaient découpées en gros blocs, dans les grottes ou près des sources ;
 Pour les combats et la chasse, les Taïnos utilisaient des massues en bois (macana) et des lances et des flèches aux extrémités en bois, en coquillage ou en os ;
 Ils voyageaient et faisaient du commerce entre les îles dans des canots creusés

Extrait de
Présentation des pays de la Caraïbe et des protections légales (UNESCO)
Annexe 1 – Les cultures préhispaniques des Caraïbes insulaires et les musées et sites
associés à ces cultures – Rapport de Lennox Honychurch

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